Ben voila, c’est parti pour une nouvelle aventure humanitaire. Cette
fois, direction Haïti et sa capitale ravagée par un terrible séisme en
janvier 2010.
Dans la phase d’urgence, Médecins du Monde (MDM) et
beaucoup d’autres organisations ont installé le plus rapidement possible
des hôpitaux « de campagne » pour permettre à des médecins de soigner,
d’opérer, de vacciner…
Comme si cela ne suffisait pas au malheur des
Haïtiens, une épidémie de choléra est apparue en octobre 2010. Elle a
fait 3 600 morts en quelques semaines. Nouvelle urgence!
Des
camps énormes abritent aujourd’hui 800 000 réfugiés. D’autres ont pris
eux-mêmes en charge leur relogement sous des constructions aléatoires de
bois et de tôles. Les conditions sanitaires sont… ce qu’elles sont.
Je suis donc arrivé à Port au Prince jeudi soir à la nuit tombée, après
11 heures de vol et une escale interminable à Pointe à Pitre. Passage
habituel au guichet de l’immigration, puis de la douane où je dois
déclarer et dédouaner un téléphone satellite et trois antennes radios
que j’ai emportés avec moi pour les besoins de la mission.
L’habituelle Toyota MDM m’attendait avec Ilioda son chauffeur black,
heureux de me souhaiter une chaleureuse bienvenue en créole : « ou lakay
ou ! ». Pour rejoindre notre voiture, nous devons fendre une foule de
locaux venus probablement chercher l’un des leurs à l’aéroport. Ils vous
serrent de près. Dans la nuit, c’est quelque peu oppressant.
Sous
les feux de la voiture, j’entrevois ce qui sera mon cadre de vie durant
ces deux mois : structures délabrées, pagaille dans les rues, gargotes
et petits marchands partout, gamins qui courent au milieu des voitures
sans immatriculation…
Ilioda me conduit directement à la «
maison-vie » de la mission, placée sous la surveillance de deux
gardiens. J’y fais la connaissance des expatriés avec qui je partagerai
la vie et le logement durant ces deux mois : Jean-Philippe, le reporter,
Jacky, le coordinateur logistique, Pauline et Emilie, sages-femmes,
Bénédicte l’administratrice.
Toutes les trois en première mission.
Manquent ce soir : Alain, le chef de mission, Maurice, un Suisse
coordinateur médical. Tous deux sont en déplacement sur un site de la
Grande Anse, département tout à l’Ouest du pays et rentreront à la base
samedi.
Manque également Enzo, un italien logisticien. Je ferai sa
connaissance vendredi matin. Egalement Evelyn la canadienne au délicieux
accent (je le découvrirai plus tard).
Vendredi : contact avec le
staff local : gardiens, chauffeurs, radios, médecins, cuisinières,
femmes de ménage… Brief-sécurité par Jacky. Il faut que nous fassions
très attention à nos déplacements. Nous sommes ici sous le régime des
gangs.
Je me rends ensuite sur mon premier site de travail,
un centre médico-social dans un quartier délabré par le séisme. Darleine
m’accompagne avec voiture et chauffeur. En milieu expatrié, il est
indispensable que les chauffeurs soient des locaux. Si vous étiez engagé
dans un accident en conduisant vous-même une voiture, cherchez pas à
vous défendre, vous êtes déjà mort !
Darleine, un
grand gaillard de 1,80m sera mon double local. Il devra prendre le relais de la conduite des chantiers que nous mettrons en route ensemble.
Il a une bonne connaissance du monde du bâtiment. Il connait les réseaux
locaux. Cela nous sera très utile. Il attendait avec impatience mon
arrivée. Il est convaincu d’apprendre avec moi beaucoup de choses.
La disposition de mon bureau qui m’est proposée ne me convient pas et
il me manque un grand tableau au mur.
Enzo, l’Italien, en est d’accord.
Lundi nous aménagerons différemment cette pièce où nous travaillerons
désormais à quatre.
Mwen la ! M ap boule ! Babay ! (je vais bien, au revoir).
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