Il porte sur son peuple un jugement d’une incroyable sévérité. Wilson rêve d’évolution, de reprise en main de son peuple par des élites non corrompues, à l’opposé de celles qui sont en place. Il tente de son côté des « petites choses » comme il dit.
Avec quelques amis, anciens étudiants de la même université, ils ont créé une petite entreprise informatique. Ils veulent proposer d’améliorer l’image des communicants, de tous ceux qui ont à exprimer quelque chose quel qu’en soit le thème, en mettant à leur disposition des outils modernes. Leur développement est très difficile et pourtant les besoins sont là : « Le Haïtien est toujours esclave dans sa tête ».
Désespérés de leurs élites maffieuses, certains affirment même que pour le sortir de l’impasse dans laquelle il s’enfonce, il faut mettre d’urgence le pays « sous tutelle internationale ». Comme l’a été par exemple le Kosovo de Kouchner dans les années 2000.
J’étais moi-même déjà sur place à Prishtina à ce moment là.
On parle ici périodiquement du risque d’une réaction violente de la population. Mais les leaders potentiels d’une telle révolte ont été « achetés » par le gouvernement. L’un placé comme directeur de l’aéroport international, un autre comme président la compagnie nationale des eaux. Et sans leader, plus de révolution possible.
Les usines de ciment ont été fermées. Le calcaire y était pourtant excellent. Il est de meilleur profit d’organiser un business avec du ciment arrivant en vrac d’Amérique du sud et simplement ensaché en Haïti. Un produit estampillé « Ciment National » avec la complicité de l’Etat et propriété exclusive d’une famille.
Voilà, c’est ainsi que cela se passe dans ce pays aux richesses multiples pourtant.
Avec des plages sublimes et un sous sol riche en pétrole, en or, en iridium. Mais un groupe d’entreprises et de fonctionnaires d’Etat s’est dédié à « organiser à son profit la pauvreté en Haïti… »
Hors de la ville, dans les campagnes montagneuses, la température est beaucoup plus agréable. La pauvreté y semble plus supportable, mais c'est toujours la pauvreté!
Dans une gargote de bord de piste tenue par deux sœurs, j’ai dégusté dernièrement l’un repas des plus « sublimes » que j’ai pu consommer. Un ragoût de porc aux piments, mijoté des heures dans une marmite hors d’âge, et des patates douces rissolées dans une huile d’origine incertaine. Le tout consommé debout, dans une gamelle d'aluminium.
Il n'y a ici ni assiette ni verre, ni table ni banc. Simplement un repas acheté au passage par les travailleurs de la montagne et emporté dans leurs propres gamelles.
C’est un de ces moments géniaux qu’il me plait tant de vivre au plus près de la population locale et au plus loin des cercles luxueux des expatriés inhibés.
Mwen la ! Babay !
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