Créée en 1963, la Fédération nationale des Aînés ruraux regroupe 9 000 associations locales, 86 fédérations départementales et 17 unions régionales. Forte de 700 000 membres, elle est la plus importante des fédérations des seniors en France.
Mais cette puissante fédération se heurte actuellement à un très sérieux problème, celui de l’absence d’adhésion des nouveaux retraités venus de la ville, qui ont pourtant choisi de passer la dernière partie de leur vie… à la campagne.
Mais cette puissante fédération se heurte actuellement à un très sérieux problème, celui de l’absence d’adhésion des nouveaux retraités venus de la ville, qui ont pourtant choisi de passer la dernière partie de leur vie… à la campagne.
Mais à quoi tient donc cette frilosité ?
Essayons ensemble de comprendre, en considérant que l’explication remonte peut-être… à presque deux siècles.
Entre 1850 et 1940, l'Europe, puis d'autres pays comme les Etats-Unis et le Japon, connaissent une formidable croissance grâce à l'industrialisation de leur économie.
Ce phénomène, fondé sur deux révolutions industrielles importantes, a entraîné une transformation profonde de la société.
La population rurale est alors attirée par les emplois urbains. Elle diminue régulièrement et le seuil de 50% de citadins est franchi dans l'ensemble des pays industriels entre 1850 et 1940.
L’ATTRAIT DE LA VILLE
Essayons ensemble de comprendre, en considérant que l’explication remonte peut-être… à presque deux siècles.
Entre 1850 et 1940, l'Europe, puis d'autres pays comme les Etats-Unis et le Japon, connaissent une formidable croissance grâce à l'industrialisation de leur économie.
Ce phénomène, fondé sur deux révolutions industrielles importantes, a entraîné une transformation profonde de la société.
La population rurale est alors attirée par les emplois urbains. Elle diminue régulièrement et le seuil de 50% de citadins est franchi dans l'ensemble des pays industriels entre 1850 et 1940.
L’ATTRAIT DE LA VILLE
Beaucoup de paysans quittent donc leur village pour s’installer en ville. Les notions de profit, d’ascension sociale et de liberté propres à la ville exercent une attraction certaine sur les jeunes de la campagne.
L’attrait d'une autre vie qui parait plus facile, éloignée des contraintes et des aléas de la vie paysanne, distante également du monde animal qui « sent la terre et le fumier ».
Les ruraux gagnent la ville avec souvent un très faible niveau d’instruction. Le travail à la ferme est prioritaire. Beaucoup ne connaissent comme langue que leur « patois » local. Leur accent régional est extrêmement marqué.
Considérés comme des personnes peu développées socialement et culturellement, les campagnards sont régulièrement méprisés par les citadins.
Les surnoms pleuvent alors sur les ruraux comme averse en été : bouseux, vaseux, terreux, glaiseux, bourbeux, pedzouille, péquenot, pignouf, plouc, pacant, pétrousquin, croquant, cambrousard, écrase-mottes et tout simplement… paysan !
Cette imagerie jugée trop hâtivement désuète persiste toujours dans le conscient collectif des gens bien pensants de la ville !
Parce que, bien sûr, tout est pensé en ville. C’est là que se trouvent les Grandes Ecoles, celles qui forment les technocrates, les élites décalées et pédantes qui nous gouvernent aujourd'hui.
Notre monde est donc pensé en ville, par ceux de la ville, pour ceux de la ville.
Cette configuration, toujours élaborée « hors sol », sera bientôt imposée à tous les espaces de nos territoires.
Nous l’avons évoqué avec les SCOT*, l’urbanisation du monde rural est en cours. Elle nous sera fatale.
*Voir billet précédent.
LES RESISTANCES DE L’HISTOIRE
Et voilà donc où se situe le bât qui blesse les recruteurs de la Fédération des Aînés ruraux.
Comment serait-il supportable pour les urbains-citadins-mondains de la ville d’endosser le qualificatif de « rural » en se soumettant à l’intitulé ridiculisateur d’une association de campagnards toujours considérés comme déculturisés?
La seule solution est d’imposer un changement d’appellation. C’est ce qui a été fait !
Après, on le devine, une succession de séances de « tempête de crâne des bien-pensants de la ville », la Fédération des Aînés Ruraux vient d’être brillamment rebaptisée :
Alors ça il fallait le trouver !
Les arguments ne manquent pas de sel :
« Allongement de la vie, accroissement et rajeunissement du nombre de retraités… Le mouvement veut s’adapter à l’évolution de la société, explique la Fédération des Aînés ruraux. Le mouvement veut afficher un nouveau visage et s’ouvrir ainsi à de nouvelles façons de penser.* »
(*Extrait de : « Les Aînés ruraux changent de nom » Ville de Nantes).
Donc, jeunes générations, avec vos contraintes professionnelles et vos enfants, garez-vous, les anciens vous font savoir qu’ils allaient bouger !
Les mots étant bien porteurs de sens, le signal est clair : « ne comptez-pas sur nous, nous avons plein de choses à faire! »
Ce message ferait pâlir de stupéfaction les anciens des communautés dites primitives desquelles nous sommes tous issus.
Qu’attend-t-on d’une génération délestée de ses obligations professionnelles et du fardeau de contraintes qui y sont liées ?
En premier lieu sa disponibilité, celle qui ne supporte pas de négociation, celle qui se donne.
En second lieu son calme, sa sérénité, la génération qui apaise, qui rassure, qui conseille, qui donne de son temps.
Nous aurions aimé : Générations tranquillité ou encore Générations disponibilité.
Nous aurions adoré : Générations sérénité ou Générations Bien-être.
Il nous faudra faire désormais avec : « Générations individualisme*» au mieux «Générations égarement» puissamment partenarisées (et donc rendues captives) par une flotte de lobbyistes d’organismes d’assurances, de fabricants de matériel médical, mais aussi (surtout, pardi !) d’agences de voyages-loisirs-séjours-croisières-vacances, ou encore (ben oui !) le Lido et le Moulin Rouge en passant par Euro-Disney et le Parc Astérix**.
*Nombreuses associations du troisième-âge portent le nom : "Entre-Nous". N'est-ce pas un signe clair?
**Issu du site de "Générations mouvement"
Les "vrais ruraux » sont tristes nous le savons, ils nous l’ont dit. Mais on ne donne pas la parole aux bouseux.
On préfère leur imposer l'abandon de leur identité.
Voilà comment tourne aujourd'hui notre monde.
Sommes-nous contraints à ne pouvoir qu’en pleurer ?
L’attrait d'une autre vie qui parait plus facile, éloignée des contraintes et des aléas de la vie paysanne, distante également du monde animal qui « sent la terre et le fumier ».
Les ruraux gagnent la ville avec souvent un très faible niveau d’instruction. Le travail à la ferme est prioritaire. Beaucoup ne connaissent comme langue que leur « patois » local. Leur accent régional est extrêmement marqué.
Considérés comme des personnes peu développées socialement et culturellement, les campagnards sont régulièrement méprisés par les citadins.
Les surnoms pleuvent alors sur les ruraux comme averse en été : bouseux, vaseux, terreux, glaiseux, bourbeux, pedzouille, péquenot, pignouf, plouc, pacant, pétrousquin, croquant, cambrousard, écrase-mottes et tout simplement… paysan !
Cette imagerie jugée trop hâtivement désuète persiste toujours dans le conscient collectif des gens bien pensants de la ville !
Parce que, bien sûr, tout est pensé en ville. C’est là que se trouvent les Grandes Ecoles, celles qui forment les technocrates, les élites décalées et pédantes qui nous gouvernent aujourd'hui.
Notre monde est donc pensé en ville, par ceux de la ville, pour ceux de la ville.
Cette configuration, toujours élaborée « hors sol », sera bientôt imposée à tous les espaces de nos territoires.
Nous l’avons évoqué avec les SCOT*, l’urbanisation du monde rural est en cours. Elle nous sera fatale.
*Voir billet précédent.
LES RESISTANCES DE L’HISTOIRE
Et voilà donc où se situe le bât qui blesse les recruteurs de la Fédération des Aînés ruraux.
Comment serait-il supportable pour les urbains-citadins-mondains de la ville d’endosser le qualificatif de « rural » en se soumettant à l’intitulé ridiculisateur d’une association de campagnards toujours considérés comme déculturisés?
La seule solution est d’imposer un changement d’appellation. C’est ce qui a été fait !
Après, on le devine, une succession de séances de « tempête de crâne des bien-pensants de la ville », la Fédération des Aînés Ruraux vient d’être brillamment rebaptisée :
« Générations mouvement ».
Alors ça il fallait le trouver !
Les arguments ne manquent pas de sel :
« Allongement de la vie, accroissement et rajeunissement du nombre de retraités… Le mouvement veut s’adapter à l’évolution de la société, explique la Fédération des Aînés ruraux. Le mouvement veut afficher un nouveau visage et s’ouvrir ainsi à de nouvelles façons de penser.* »
(*Extrait de : « Les Aînés ruraux changent de nom » Ville de Nantes).
Donc, jeunes générations, avec vos contraintes professionnelles et vos enfants, garez-vous, les anciens vous font savoir qu’ils allaient bouger !
Les mots étant bien porteurs de sens, le signal est clair : « ne comptez-pas sur nous, nous avons plein de choses à faire! »
Ce message ferait pâlir de stupéfaction les anciens des communautés dites primitives desquelles nous sommes tous issus.
Qu’attend-t-on d’une génération délestée de ses obligations professionnelles et du fardeau de contraintes qui y sont liées ?
En premier lieu sa disponibilité, celle qui ne supporte pas de négociation, celle qui se donne.
En second lieu son calme, sa sérénité, la génération qui apaise, qui rassure, qui conseille, qui donne de son temps.
Nous aurions aimé : Générations tranquillité ou encore Générations disponibilité.
Nous aurions adoré : Générations sérénité ou Générations Bien-être.
Il nous faudra faire désormais avec : « Générations individualisme*» au mieux «Générations égarement» puissamment partenarisées (et donc rendues captives) par une flotte de lobbyistes d’organismes d’assurances, de fabricants de matériel médical, mais aussi (surtout, pardi !) d’agences de voyages-loisirs-séjours-croisières-vacances, ou encore (ben oui !) le Lido et le Moulin Rouge en passant par Euro-Disney et le Parc Astérix**.
*Nombreuses associations du troisième-âge portent le nom : "Entre-Nous". N'est-ce pas un signe clair?
**Issu du site de "Générations mouvement"
Les "vrais ruraux » sont tristes nous le savons, ils nous l’ont dit. Mais on ne donne pas la parole aux bouseux.
On préfère leur imposer l'abandon de leur identité.
Voilà comment tourne aujourd'hui notre monde.
Sommes-nous contraints à ne pouvoir qu’en pleurer ?
Eh bé, plus ça va, moins ça va !!!
RépondreSupprimerC'est vrai que les anciens ont un rôle primordial dans nos familles.
Mais aujourd'hui il faut consommer à tout va pour favoriser la croissance !!!
Alors, les vieux : tous à vos porte-feuilles !!!
(mais n'oubliez quand même pas vos petits)
Olivier