L’instruction publique qui a pour objectif de permettre à chaque individu de se nourrir des connaissances indispensables à construire ses opinions et à guider ses choix dans les champs de sa vie est, dans nos sociétés dites modernes, un terrible échec !
Pris dans le tourbillon d’agressions audiovisuelles de toutes natures dont le seul objectif est l’aliénation des individus, trahi par ceux-là mêmes qui, dans leur quête du pouvoir et de tous ses incroyables avantages, devraient être les garants de son efficacité, le grand plan d’Instruction Publique semble mort aujourd’hui.
Pourtant, nous étions convaincus que l’émancipation des personnes et des peuples ne pourrait se construire que sur leur instruction.
"Les Printemps arabes " nous ont donné au plus fort de leur flamme la conviction qu’il en était bien ainsi. Les révoltes contre les états totalitaires ont été animées par quelques intellectuels (peu) certes, mais aussi par des écrivains, des journalistes et principalement des étudiants dotés d’une solide formation universitaire, mais surtout «ouverts au monde».
Cette réflexion intéresserait-elle les jeunes élites? |
Cette magnifique mission n'est elle pas justement de permettre à chacun de devenir suffisamment conscient de ce qu'il est et de ce qu'il représente pour les autres pour être capable de lever les yeux de son intérêt personnel et d’œuvrer pour le bien commun ?
Pour que chaque individu puisse apprendre à s’ouvrir au monde, à s’enrichir des merveilles de la nature, des civilisations, des arts… ? (Lire à ce sujet Philippe MEIRIEU)
La révélation du « Siècle des Lumières » - déjà évoquée dans ce blog - dont la volonté était de « combattre les ténèbres de l’ignorance par la diffusion du savoir » devrait être toujours l’incontournable guide de pensée des individus autour des impérissables principes émancipateurs : « pense par toi-même » et « ose savoir ».
En avril 1792 (oui vous avez bien lu 1792) Nicolas de Condorcet rédige la théorie la plus complète et la plus moderne encore actuellement de l'école républicaine.
Voici l’introduction au « Rapport sur l'organisation générale de l'Instruction publique présenté à l'Assemblée nationale législative au nom du Comité d'Instruction publique les 20 et 21 avril 1792 par Nicolas de Condorcet »
« Messieurs, offrir à tous les individus de l'espèce humaine les moyens de pourvoir à leurs besoins, d'assurer leur bien-être, de connaître et d'exercer leurs droits, d'entendre et de remplir leurs devoirs ; assurer à chacun d'eux la facilité de perfectionner son industrie, de se rendre capable des fonctions sociales auxquelles il a droit d'être appelé, de développer toute l'étendue des talents qu'il a reçus de la nature, et par là établir entre les citoyens une égalité de fait, et rendre réelle l'égalité politique reconnue par la loi : tel doit être le premier but d'une instruction nationale ; et, sous ce point de vue, elle est pour la puissance publique un devoir de justice. »
L’INSTRUCTION PUBLIQUE : QU’EN AVONS-NOUS FAIT ?
Le seul et unique but de la vie pour la plupart des individus est désormais de se laisser confortablement noyer dans les cloaques télévisuels et les futilités décervelantes qui font la gloire et les énormes profits des créateurs de faux-rêves de tous poils.
A partir de quelles connaissances, de quelle capacité d’analyse, la plupart de nos concitoyens, nourris de vanités, prennent-ils les décisions qui organisent le fonctionnement de leur vie, de leur famille, de leur communauté ?
D’autre part, à quelle qualité de débat nous soumettent nos élites dotées du droit au mensonge pour leur conquête du pouvoir ?
Sur quels critères de valeur humaine et d’honnêteté allons-nous prochainement élire ou (souvent le pire) reconduire à leurs postes nos représentants à la tête de nos communes ?
Autant de questions que nous n’avons plus le droit d’éviter si nous voulons tenter d’extraire les jeunes générations des pièges dans lesquels ils continuent, comme nous-mêmes hélas, à tomber.
QUE POUVONS-NOUS FAIRE DÉSORMAIS ?
Il nous faut d’urgence apprendre à « penser par nous-mêmes ». Il nous faut aider les nouvelles générations à juger par eux-mêmes de l’importance pour chaque individu de prendre sa place de citoyen dans la vie de la cité. Chacun à la place qu’il pense lui convenir.
Les uns, intéressés par la gestion des affaires communautaires, peuvent solliciter un poste d’élu. Ils sauront qu’ils sont avant tout des serviteurs et qu’il leur sera exigé un bilan de leur gestion en cours et en fin de mandat. Ils sauront aussi qu’ils pourront s’appuyer sur les nombreuses compétences que contient tout territoire, même le plus petit.
D’autres peuvent organiser et animer des « laboratoires d’idées », lieux de réflexion et de partage pour contribuer à éclairer le débat public et dotés d’un rôle pédagogique tant au niveau des élites que des citoyens.
D’autres enfin peuvent être les relais de proximité d’une nouvelle manière de penser et de vivre ensemble, recherchant dans tous les espaces l’émancipation des individus, le seul objectif qui vaille, dans les associations et les institutions culturelles, sociales ou sportives.
Il y a de la place pour tous dans la vie de nos collectivités et chacun doit prendre la sienne.
Une condition s’impose toutefois et nous le savons, elle sera difficile à obtenir : que les titulaires des postes électifs actuellement en place aient la modestie de descendre du piédestal doré sur lequel ils se sont eux-mêmes placés.
Qu’ils soient bien conscients que « si l’élection est le couronnement de la démocratie, la réélection (peut en être) le fléau ». Jacques Juliard "Marianne"
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